à propos Leag Teuquof enchante vraisemblablement son quotidien : gros plans sur la cafetière italienne s’il vous plaît, focus sur une basket en action où l’on distingue un hypothétique mollet de rasta, zoom sur une bottine qui fait « Slap, Zim, Crack » … Cadrage serré sur une bière belge, Jupiler, révélant, par quelques détails bien trouvés, l’ambiance by night du quartier Matonge à Bruxelles. Il y a aussi d’autres mises en exergue : une bouteille de sauce chili ou de salsa, un homard peut-être aussi papillon, des sardines en conserve prêtent avalées, « Ah table ! ». On compte également des portraits d’inconnu(e)s plus ou moins sympathiques, mais toujours attachants. Bref un ensemble super vitaminé qui fait pas mal voyager. C’est foisonnant, éclectique comme un inventaire à la Prévert. C’est plein de vie, d’onomatopées, de bruits et de musiques. Le ton est résolument festif et urbain. L’effet « feel good vibrations » s’impose d’emblée et opère sans entrave. Les influences de la BD, du cartoon, du comics sont indéniables comme celles de codes iconographiques venant de cultures non-occidentales. Terriblement en action même sans effet spéciaux, l’écriture de Leag Teuquof est un trait acéré mais jamais agressif, une palette qui pète sans être criarde. Seul sujet hiératique dans cet ensemble : la tête de chat - sans doute le sien - qui tel Bouddha semble souffler quelques mantras bénéfiques pour les voyages artistiques de l’artiste… Si on s’attarde un peu sur ce travail, une dimension cosmique (voir psychédélique) se dévoile à nous. On perçoit une démarche esthétique très libre, voire libératrice où l’inspiration l’emporte telle une note qui en appelle une autre lors d’improvisation musicale. La créativité se concentre sur l’instant, s’envole, une légèreté non diaphane s’installe, invitant notre imaginaire à s’éveiller, s’inventer des histoires par le biais de ces micro-captations du quotidien, objet par objet, détail par détail, sujet par sujet. Oui, Leag Teuquof pimpe l’ordinaire, fabrique des instantanés ludiques. Une expression plastique qui se déguste avec plaisir et qui nous veux du bien.
Biographie Leag Teuquof est né à Marseille sous un autre pseudo. Malgré son exode précoce, il entretient avec cette ville un rapport joyeux. Baigné par la lumière, la mer, les couleurs franches et le brassage des genres et des gens. Il a été marqué, inconsciemment bien sûr, par les graffitis et le street art qui proliféraient dans certains quartiers de la ville, par la vie bigarrée. A l’adolescence, il vit une migration dans le Grand Est. Là, le ciel est plus gris et plus bas, la musique prendra un peu plus de place. Saxo, crayons et pinceaux font alors bon ménage et s’entrechoquent selon l’humeur du moment. Consommateur de BD et de romans graphiques, Angoulême sera la ville élue pour ses études tandis que Montréal restera, pour lui, la ville de sa grand-mère et du festival international du jazz. Il traversera l’Atlantique souvent pour aller la voir et en ratant le moins possible de concerts programmés dans cette ville. Coté professionnel, les premiers pas, en tant que graphiste, se font sur Paris. Dans la foulée, il expérimente le travail à distance : Nantes, Madagascar, Montréal… Bruxelles. Aujourd’hui, bruxellois d’adoption il y vit, y travaille et poursuit son travail artisitque.